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Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs
La plongée autonome au service de la Marine
vendredi 1er décembre 2006
En juillet 1937 à Toulon à bord du cuirassé CONDORCET le lieutenant de vaisseau Philippe TAILLIEZ rencontre l’enseigne de vaisseau Jacques Yves COUSTEAU nouvellement affecté après un grave accident de voiture. Déjà adepte de la chasse sous-marine, TAILLIEZ propose à COUSTEAU, en guise de rééducation, de nager avec lui dans la rade de Toulon.
Désormais inséparables les deux officiers de marine passent leurs loisirs à la pratique de la chasse sous-marine.
L’année suivante TAILLIEZ présente à COUSTEAU un civil passionné comme lui de chasse sous-marine, originaire de Sanary Frédéric DUMAS. Il se joint à eux et apporte son enthousiasme et son expérience déjà solide de la chasse. Le trio est formé : La grande aventure peut commencer.
Il aura fallu 6 ans pour que s’accomplisse leur mutation en plongeurs autonomes.
C’est dans la baie de Bandol, en juin 1943, que Philippe TAILLIEZ, Jacques Yves COUSTEAU et Frédéric DUMAS essayèrent pour la première fois en mer le scaphandre autonome, scaphandre issu de l’invention de l’ingénieur Emile GAGNAN.
En juillet 1943 TAILLIEZ, COUSTEAU et DUMAS donnent le premier tour de manivelle du film « EPAVES », un long métrage de 28 minutes sur le thème des épaves dont les carcasses jalonnent le fond de la Méditerranée entre Marseille et Saint Raphaël. Le film rencontre un immense succès.
Du jamais vu, du jamais soupçonné, qui arrive dans les salles. Le commandant Philippe TAILLIEZ dira : « c’est un authentique et pur message porté par les plongeurs, le premier témoignage de la beauté sous-marine. »
A la fin de la guerre Philippe TAILLIEZ et Jacques Yves COUSTEAU sont réintégrés dans leur grade au sein de la marine. Tous deux souhaitent prolonger cette aventure par la création d’un groupe d’intervention sous la mer démontrant les avantages du scaphandre autonome.
En avril 1945 dans l’espoir de convaincre l’état-major de la marine, un déplacement à Paris est effectué car pensaient-ils, les explications passionnées trouveraient peu d’écho dans les bureaux du ministère : Vouloir supprimer le bon vieux casque et les semelles de plomb, cela ne faisait pas sérieux.
La projection du film « EPAVES » devant l’amiral LEMONNIER et tout son état-major, film dans lequel on voyait TAILLIEZ, COUSTEAU et DUMAS évoluer dans ces épaves de la méditerranée comme des poissons, a fait son effet.
L’amiral LEMONNIER donna l’autorisation de mettre en place « Une commission d’études » destinée à démontrer l’utilité des plongeurs autonomes dans la marine. De retour à Toulon avec un précieux ordre de mission et la destination rêvée, les trois hommes engagés comme experts civils, accrochèrent à la porte d’un modeste bureau de la direction du port puis ensuite dans un grand abri bétonné : « GROUPE DE RECHERCHES SOUS-MARINES »
Naissance du G.R.S.
Nantis en avril 1945 d’un programme d’action assez vague concernant le matériel de plongée, le déminage, le renflouement, la formation de scaphandrier.
Philippe TAILLIEZ devenant le commandant de cette nouvelle unité, dont le plan de travail est rapidement mis en place :
– Repérages et photographies des épaves.
– Récupération d’engins expérimentaux.
– Récupération de torpilles allemandes.
– Expertises de torpilles humaines.
– Expertises des appareils respiratoires étrangers.
Cette équipe de plongeurs mise en place et aidée par de nombreux volontaires parmi lesquels le premier-maître Maurice FARGUES moniteur à l’école des scaphandriers, le maître Jean PINARD, le second maître Guy MORANDIERE et bien d’autres, travaille aux cotés des « pieds lourds » qui jouent du chalumeau. Elle participe à l’expertise des épaves sabordées et coulées en 1942 dans la rade de Toulon.
Elle assure également la destruction de nombreuses mines allemandes ainsi que l’essai des équipements de plongée utilisés pendant la guerre par les différents pays. Très rapidement cette simple « commission », devant l’immense travail effectué, le développement et l’efficacité de son action, est transformée en GROUPE DE RECHERCHES SOUS-MARINES (G.R.S).
Le déminage n’est pas dans le programme initial des activités du G.R.S, mais les états- major ont une manière persuasive de poser des problèmes nouveaux aux unités placées sous leurs ordres. Les travaux de renflouement dans le port de Toulon, ainsi que la navigation dans la rade de Hyères étaient gênés par la présence de nombreuses mines allemandes. Le G.R.S. est invité à se joindre aux efforts des services spécialisés. C’est ainsi que le G.R.S. commença la chasse aux mines.
La première intervention sous-marine consista à sortir deux torpilles d’un sous-marin allemand sabordé et échoué devant la presqu’île de Saint Mandrier, mission sur mesures pour l’état major, car le commandant TAILLIEZ était officier torpilleur. Ces torpilles acoustiques intéressaient vivement les services des constructions navales.
Ensuite ce fut les mines, beaucoup de mines !
Pendant le nettoyage de la rade de Toulon, au cours d’une plongée, un chaland fut découvert par des scaphandriers avec dans son fond 27 cylindres alignés. Ce chaland allemand matérialisé par une bouée rouge, coulé non loin de la passe principale de Toulon était un danger permanent pour la navigation. Ordre fut donné de détruire cet obstacle et l’ingénieur maritime chargé de ce travail, prudent, fit surseoir au dynamitage et demanda une visite du site suspect par les plongeurs du G.R.S.
TAILLIEZ, COUSTEAU et DUMAS plongèrent donc sur l’épave et trouvèrent un grand chaland chargé de réservoirs couverts d’une végétation neuve. Après photographies de la cargaison insolite et examen de ces gros cylindres en aluminium, ils remontèrent à la surface avec une certitude : « Ce sont des mines ! ». Après examen des photos par les spécialistes de l’arsenal ingénieur du génie maritime, les mines empilées dans le chaland étaient parmi les plus diaboliques : acoustiques et magnétiques.
C’était l’épave du chaland « Sainte Geneviève » coulé devant le Lazaret et chargé de 27 mines du type L.M.B représentant près d’une vingtaine de tonnes d’explosif. La décision prise fut de délimiter une zone d’interdiction à la navigation. Le chaland sera balisé et protégé par une ceinture de bouées pendant huit ans avant d’être traité par une entreprise civile. (Société GRANDMANCHE).
Au G.R.S, devenu très rapidement le Groupe d’Études et de Recherches Sous-marines (G.E.R.S.) il y avait constamment en instruction, des officiers, des gradés et des marins mais aussi du personnel intéressé à titre divers à la formation de moniteurs scaphandriers autonomes : Armée / Génie / Pompiers / Fédérations de sauvetage / Pont et Chaussées / mais également des stages pour Biologistes / Physiologistes / Géologues et Océanographes.
Missions de déminage
A la libération, la tache était immense, il fallait déblayer les eaux maritimes des mines de toute sorte semées par les belligérants. L’ordre d’urgence était : de sécuriser la navigation commerciale, indispensable à la vie du pays, par le déminage des ports et le dragage des routes océaniques et côtières jusqu’à la profondeur de 100 mètres. De détruire les engins contre le débarquement, infestant les plages et menaçant les pêcheurs côtiers. En raison de ses moyens limités, la Marine Nationale prit à son compte le dragage en haute mer et le déblaiement des ports de commerce. Le Ministère de la Reconstruction (M.R.U.) prenant en charge les zones côtières et les plages, non fréquentées par le trafic. Le Ministère confiait la tache à ses organismes départementaux, lesquels faisaient appel, sous contrôle des Ponts et Chaussées, à des entrepreneurs privés, chargés d’assainir les zones réputées dangereuses et maintenues interdites à la navigation, jusqu’à nouvel ordre.
La séparation des missions entre la Marine Nationale et le M.R.U. était trop entière et devait comporter des dérogations. En particulier sur les cotes de Normandie ou les difficultés dues au mauvais temps, aux courants violents, à la mauvaise visibilité de l’eau, exigeait du personnel qualifié et du matériel spécialisé pour la destruction des mines anti-débarquement : les Katymines (K.M.A.).
Dès 1945, la Marine Nationale accepte de procéder à la destruction de ces mines. Toute une flottille de petits remorqueurs et de vedettes travaillent pendant plusieurs saisons, profitant des marées importantes dans cette région et utilisent le dragage par chaînes traînant sur le fond.
Des équipes de déminage sous-marin sont formées pour intervenir sur tous les engins de guerre. Les côtes sont infestées de mines marine de tous types : mines de fond / mines à orin et mines de plage. La destruction, la neutralisation de ces mines, devient urgente pour la reprise des activités économiques et maritimes du pays : Commerce / Pêche / Navigation.
Ces plongeurs appelés « Scaphandriers Démineurs » sont affectés à la section déminage K.M.A. (Katymines) de la Première Région Maritime. Le matériel utilisé est assez hétéroclite et varie suivant le type d’intervention. Scaphandre à casque type "pied lourd", volume constant à l’air pour déminage classique sur mines à orin ou mines de plage type K.M.A.
Pour les interventions sur les mines acoustiques, magnétiques ou à influence, les appareils utilisés sont du type recyclage de gaz, modèle scaphandre allemand Draeger M40, anglais Siebe-Gorman ou circuit fermé Davis.
Le Lieutenant de Vaisseau PORCHIER, avec une équipe de scaphandriers à casque, menait un important travail de déminage des cotes et des ports en Atlantique et en Mer du Nord. Dès 1945 également, le Capitaine de Frégate SERRE opérait avec son équipe de scaphandriers à casque et celle des artificiers de la pyrotechnie de Toulon (initiés à la plongée par l’équipe de plongeurs du G.R.S.) sur les mines de la Méditerranée.
Cette équipe de Méditerranée a successivement nettoyé les ports de Port-Vendres, Port la Nouvelle, Marseille. Il s’agissait de repérer, de repêcher si possible puis de détruire tous les engins dangereux : mines / projectiles, etc. enfouis dans la vase et présentant un danger pour les navires de commerce.
Cette mission cessa après deux années d’activité à la fin de 1947, se replia à Toulon et fut mise en veilleuse. Elle continuait cependant à exister sur le papier.
Le Capitaine de frégate BOURRAGUE fut nommé pour prendre la responsabilité de la mission de déminage de la 3ème Région Maritime. Il était également responsable du groupe de bâtiments de réserve de Direction du port de Toulon. Toutes les zones dangereuses étaient interdites à la navigation. C’est pour ne pas s’être conformé à ce règlement qu’à l’été 1948 un chaland du port de SETE sauta sur une mine. Le chaland coula et fit trois morts. Cet accident fut à l’origine de la mission de déminage du LANGUEDOC.
Déminage des cotes du LANGUEDOC
Le 5 mars 1949 la préfecture maritime de Toulon était informée par l’État Major Général de Paris, qu’à la suite de l’accident survenu devant Sète en 1948, la Marine Nationale était sollicitée par le M.R.U. pour prendre à son compte le nettoyage des dernières zones interdites, à savoir :
– Zone du GRAU du ROI et SAINTES MARIE de la MER
– Zone de FRONTIGNAN, SETE et embouchures de L’HERAULT
– Zone du CANNET dans les Pyrénées Orientales
Le M.R.U. s’engageait à rembourser à la Marine, les dépenses de la mission de déminage de la 3ème Région Maritime. Paris demandant en conséquence une évaluation approximative des dépenses avant de donner son accord au M.R.U. Des visites des sites eurent lieu : Sète / Montpellier / Grau d’Agde / Grau du Roi / Saintes Marie de le Mer, en compagnie d’une équipe d’artificiers de la Pyrotechnie de Toulon.
Les Inscriptions Maritimes et Ponts et Chaussées signalèrent que depuis trois ans, plusieurs entreprises avaient commencé le déminage, détruisant un nombre considérable de mines. Le déminage et la destruction des mines étaient réalisés sans méthode aucune, de telle sorte qu’il n’y avait pas de certitude sur le déblaiement correct des zones. Sur 1400 mines mouillées (référence, archives allemandes) plus d’un millier avait été détruites, sans compter celles qui avaient pu sauter spontanément.
Il fallait donc tout ratisser, cela représentait 250 kilomètres carrés par fonds divers dont une trentaine de kilomètres carrés par fonds de roche. Pour ces fonds rocheux il fallait aller voir en utilisant des scaphandriers, parmi lesquels, seuls les PLONGEURS AUTONOMES, pouvaient avoir un rendement efficace.
Le 18 juin 1949 l’ordre arriva de Paris pour exécuter cette mission. Cet ordre signalait également la mise à disposition du Capitaine de Corvette COUSTEAU qui venait de quitter le commandement de L’ELIE MONNIER [1] en attendant sa mise en congé.
Naissance des Plongeurs Démineurs
Entre le 18 juin, ordre donné par l’État major à Paris d’effectuer la mission déminage des cotes du LANGUEDOC et le 25 Juillet 1949, date de l’appareillage de L’HAMELIN [2] il a fallu procéder : Au recrutement des volontaires / Aux visites médicales « Aptitude à scaphandre » / A la sélection en caisson dans le multiplaces du G.E.R.S. / A la formation à la plongée autonome. Après une semaine de formation et d’entraînement à la plongée autonome [3] par les moniteurs plongées du G.E.R.S., les nouveaux plongeurs ont suivi les premiers exposés du Commandant COUSTEAU (désigné officier plongeur démineur) sur ce que serait le travail de déminage et des différentes formes d’objets qu’ils risquaient de découvrir.
C’est lors de l’étude de cette opération que le Commandant COUSTEAU imagina et mis au point une méthode de recherche (qui fut sans cesse améliorée) consistant à explorer par pendeur de vastes zones. Cette méthode de recherche permettait sans interrompre la plongée de repérer, tout engin suspect, en lâchant une bobine de filin dont le plomb restait au fond et le flotteur se déroulait jusqu’à la surface.
Le 28 juillet 1949, début des opérations de déminage des cotes du LANGUEDOC, l’ensemble des bâtiments est pré positionnés à Sète. Lors du premier balisage, l’identification se faisant le soir après la fin des opérations de la journée, le résultat fut décevant. Ironie du sort, ce qui fut pris pour une antenne de mine n’était que le goulot d’une bouteille de bière obliquement ensablée. Honteux et déconfit le Quartier-maître A...... C..... supporta les rires ironiques de ses camarades. Le Commandant COUSTEAU faisant les commentaires objectifs de l’incident : « Il est préférable de plonger deux ou trois fois pour rien que de laisser un objet suspect non contrôlé ».
Le 13 Août 1949, découverte de la première K.M.A.. Puis entre le 13 et 19 Août, découverte de sept nouvelles K.M.A. Le 19 Août 1949, pétardement des mines avec les artificiers pyrotechniciens de l’arsenal, Messieurs AUGIER et CHAMAND venus de Toulon. Le 26 Octobre 1949 : fin de la mission et départ vers Toulon. Le 12 Décembre 1949, La mission de déminage reçoit un témoignage officiel de satisfaction du Ministère de la Marine, daté du 9 Décembre et signé du secrétaire d’État chargé de la Marine.
Au cours de la mission LANGUEDOC, la surprise fut grande quand le Commandant BOURRAGUE apprit aux Plongeurs Démineurs Autonomes qu’ils percevront, comme les scaphandriers lourds qui avaient commencé le déminage, une prime de « mouillage d’habit » et une « prime de risque ». Prime de risque attribuée chaque fois qu’un travail sur champ de mines était effectué. Arrivés à Toulon et après quelques jours de vacances, la vie de marin reprit son cours. Quelques plongées avec les personnels du G.E.R.S., récupération des corps morts et des filets anti-sous-marin, visite des câbles sous-marin etc.
L’État Major de la Marine à Toulon ayant toujours comme objectif l’assainissement de la rade de Toulon, tant en déminage qu’en déblaiement des obstructions, décida une nouvelle fois de prospecter les fonds par la nouvelle méthode : Recherche pendeur par plongeurs autonomes à partir de la V.P.8 [4] du G.E.R.S. (5 plongeurs / 2 extérieurs, 2 intérieurs et 1 central). La recherche fut fructueuse : 3 mines, 9 roquettes ainsi que des munitions diverses.
Fin 1949, toute l’équipe fut dispersée et affectée sur d’autres unités, seuls les plongeurs spécialisés du G.E.R.S. furent réaffectés dans leur Groupe d’Études et de Recherches Sous-marines.
Nouvelle mission
Avril 1950, l’État Major décide d’une nouvelle mission de déminage sur les cotes du LANGUEDOC, avec comme bâtiment base plongeurs, un ancien transport de matériel lourd Italien « L’HERAULT ». L’opération de déminage des côtes de PROVENCE, avec une nouvelle équipe de plongeurs dont il restait quelques anciens, eut lieu entre le 14 juin et le 29 septembre 1950. Cette opération de déminage se déroula avec la même méthode que pour la première mission :
Prospection des zones par pendeur pour le groupe comprenant une quinzaine de plongeurs. Le groupe reçut lors de cette mission l’appui des « commandos marines » venant apporter leur concours au déminage. Ces éléments du Centre Amphibie de la Marine (C.A.M) par rotation d’un mois, venait parfaire leur entrainement en plongée sous-marine. Cette rotation de personnel n’apporta pas beaucoup de cohésion dans le groupe, il fallait constamment améliorer la formation à la plongée des nouveaux arrivants.
Les « commandos marines » firent plusieurs exercices du type, repérage de plage en vue d’un débarquement surprise de nuit. C’était les débuts des nageurs de combat.
Cette mission de déminage des cotes du LANGUEDOC se terminait sur un bilan extrêmement positif. Outre le déminage de toute une vaste zone, elle a permis d’ouvrir des chenaux et d’accéder ainsi en toute sécurité aux différents ports de la côte. Elle a aussi permis de valider la prospection par plongeurs sous-marins autonomes des méthodes de recherche : pendeur et carroyage en eaux resserrées.
La S.I.S.M de SAIGON
Le 1er septembre 1949 le Commandant Philippe TAILLIEZ quitte le commandement du G.E.R.S pour le commandement d’un navire à la mer. En novembre 1949 il prend la responsabilité du « MARCEL LE BIHAN » ex tender d’aviation allemand. En début 1949 également le Lieutenant de vaisseau ALINAT, officier en second du G.E.R.S, quitte Toulon pour l’Indochine avec pour mission : Créer un groupe de plongeurs en scaphandre capables d’effectuer diverses interventions mais aussi de s’opposer aux plongeurs ennemis. Non contents d’occuper les rives et les îlots qui fourmillent l’univers aquatique du Mékong, les « viets » ont lancé depuis trois ans des équipes de plongeurs, sans équipement, sans masque ni palmes, respirant en surface avec un simple roseau.
Ces plongeurs très à l’aise dans les eaux noires et limoneuses du fleuve, coupent les amarres des bateaux français, récupèrent des armes et posent des mines sous les coques. Ces actions menées « au toucher » posent un problème quasi insoluble. C’est à la suite de ces opérations que naîtra la Section d’interventions sous-marines (S.I.S.M. / APOWAN).
Le 28 mai 1949 le dragueur de mines « GLYCINE » en patrouille sur le Mékong sombre corps et biens par 25 mètres de fond. Il a sauté sur une mine actionnée de la berge par les vietminh. Il importait que l’épave ne reste pas livrée aux incursions de leurs plongeurs, elle contenait armes, munitions, explosifs et matériels de guerre.
Le Lieutenant de Vaisseau ALINAT se proposa, pour les récupérer et faire sauter les munitions si nécessaire.
L’Amiral donna son accord et accompagné du Second maître Guy MORANDIERE, son ancien compagnon du G.E.R.S., le Lieutenant de Vaisseau ALINAT réunit rapidement l’équipement nécessaire, mobilisa quelques plongeurs qui rallièrent l’épave de la « GLYCINE » à bord de l’aviso « CHEVREUIL ». En pleine nuit, il fallut reconnaitre l’épave, pénétrer dans le navire pour extraire les munitions, les armes, déboulonner les affûts de canons, de mitrailleuses et remonter tout ce matériel. ALINAT et MORANDIERE firent sauter la « GLYCINE » avec trois cents kilos de mélinite placés au droit des soutes du dragueur. Cette intervention a été menée, avec une promptitude et une décision admirable, par deux hommes ne disposant que de moyens de fortune. Elle mettait en lumière les services que pouvaient rendre des plongeurs exercés et résolus au cours d’opérations militaires, dans une région typiquement amphibie comme l’Indochine.
C’est ainsi qu’ALINAT et MORANDIERE furent chargés de former et d’équiper une section d’intervention sous-marine (S.I.S.M). Rapidement entre leurs mains, elle devint un organisme efficace, constamment en alerte, prête à toute les besognes : Dégager une aussière enroulée autour d’une hélice, repêcher une coupée, une caisse de munitions, des armes tombées dans le fleuve, renflouer un jonque, un chaland , un engin de débarquement coulé sur une mine au fond d’un rack, découper une épave au chalumeau, déminer le piles d’un pont, démolir des obstructions à l’explosif.
A cette rude et obscure école de l’eau douce, la Marine depuis 1949 a formé des hommes qui rentrés en France, devinrent les premiers cadres de nos unités de plongeurs démineurs.
En mai 1951 MORANDIERE rallie la France, le Lieutenant de Vaisseau ALINAT est nommé au commandement de L’ELIE MONNIER.
Le 15 janvier 1951 le « MARCEL le BIHAN » appareille de Dakar et reçoit l’ordre de faire route vers Saigon, pour participer à l’effort expéditionnaire en ralliant la Division Navale d’Extrême Orient (D.N.E.O). Le 30 mai 1951 le Commandant Philippe TAILLIEZ quitte son commandement pour une affectation à TOURANE, mission : surveillance maritime des cotes (Surmar ANNAM). En juillet 1951 le Commandant TAILLIEZ arrive à Saigon, depuis le départ d’ALINAT et MORANDIERE la S.I.S.M. a périclité, il ne reste plus que deux plongeurs. En quelques semaines la S.I.S.M reprend vie, le Commandant TAILLIEZ reconstitue le groupe, s’attache à parfaire l’entraînement, l’accoutumance aux eaux sombres du fleuve et les missions redémarrent autour d’un noyau solide. Seuls étaient admis les volontaires après une visite médicale sévère.
C’est au cours d’une de ces missions que le Quartier-maître SAPPA est remonté mort, l’embout hors de la bouche. Le Commandant TAILLIEZ va s’équiper du scaphandre du Quartier-maître SAPPA et effectuer, sans rien y changer, une plongée là ou le corps du malheureux a été retrouvé.
En août 1952 le Commandant Philippe TAILLIEZ est rapatrié en France, après quelques mois de repos il reprend le commandement du G.E.R.S en décembre 1952 qu’il quittera en avril 1955 pour être affecté à la « flottille Rhénane du Nord » poste qu’il quittera en août 1956 pour Toulon.
L’École de Plongée de la Marine
La plongée en scaphandre autonome a désormais conquis ses lettres de noblesse et entre dans les moeurs. L’enseignement de la plongée au sein de la Marine Nationale est dispensée en plusieurs écoles. Il y a celle des plongeurs de bord, celle des nageurs de combat et celle des plongeurs démineurs.
Depuis longtemps le Commandant Philippe TAILLIEZ oeuvre pour un regroupement et sera chargé de mettre en place son projet de création de L’École de plongée de la Marine à Saint Mandrier.
Il en devient le premier commandant le 27 septembre 1956.
Le Premier Maître de Manoeuvre Maurice FARGUES, moniteur scaphandrier à l’École des scaphandriers, a rallié l’équipe du G.R.S et le Commandant TAILLIEZ dès les premiers jours.
Maurice FARGUES est mort en service commandé au cours d’une plongée autonome par 120 mètres de fond le 17 septembre 1947.
Le commandant TAILLIEZ dira que la disparition du Premier Maître FARGUES, première victime dans l’histoire de la plongée en scaphandre autonome : « Beaucoup d’entre nous et de nombreux plongeurs en France, sans le savoir, lui doivent la vie ».
Merci à l’Assocation de l’Amicale des Plongeurs Démineurs
Article issu de l’Echo des Grands Fonds (Numéro 60 - Avril 2006). Version PDF
[1] L’ex-remorqueur de haute mer Allemand « ALBATROS » attribué à la France au titre de dommages de guerre, rebaptisé « Ingénieur ELIE MONNIER » nom de l’ingénieur du génie maritime disparu à Mers el Kebir au cours d’une plongée sur le cuirassé « BRETAGNE ».
[2] Bateau de transport, 2 fois coulé, 2 fois renfloué, 30 ans d’age. Bâtiment base de plongée et de commandement pour cette mission, amarré dans l’avant port de Sète.
[3] 3 plongées d’entraînement de 5 min pour les 10 plongeurs novices avant le départ de Toulon.
[4] Vedette de patrouille équipée pour la plongée en scaphandre lourd et en scaphandre autonome. Le commandement de cette vedette était assurée au G.E.R.S. par le Premier Maître Maurice FARGUES. Elle a été mise à disposition pour la mission de déminage.
Messages
1. > Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 18 juillet 2007, 10:31, par PORCHIER
La Section KMA commandée par le Lieutenant de Vaisseau opérait également avec les engins de plongée de la SPIROTECHNIQUE (rue Cognac Jay à Paris) mis au point par le Commandant COUSTEAU et Frédéric DUMAS C’est ainsi que sur demande de la Marine belge la Section KMA contribua au déminage des côtes se Belgique et notamment du port d’OSTENDE.
Voir en ligne : Section KMA
2. > Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 10 novembre 2007, 13:35, par Yves Clercin
Bonjour,
Je suis yves clercin, président de la Fédération Canadiene de nage en monopalme.
Pourriez vous m’indiquez soit des titres de livres ou adresse Web qui concernent l’historique de la palme.
Merci pour toutes réponses de votre part.
Sportivement votre
Yves Clercin
3. > Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 30 septembre 2009, 16:14, par marie le goff
mon pere décédé depuis 1 an avait été l’un des premiers, et des traces de son passage sont actuellement à st mandrier. Il s’agit de monsieur le goff raymond.
4. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 8 septembre 2014, 22:19, par Patricia CORMONT-PETITPAS
J’ai retrouvé quelques photos de Monsieur Georges MARSALEIX (datant de 1948 et 1949), plongeur, qui serait décédé en mission à à Dakar (?). Il aurait été un ami de mes parents : Solange PETITPAS et Marcel MICHELOT, marin basé à Casablanca puis à Dakar à la même époque. Pensez-vous qu’il me serait possible de retracer son expérience ?
Avec mes remerciements
Mme Patricia CORMONT-PETITPAS
5. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 8 septembre 2014, 23:18, par Patricia CORMONT-PETITPAS
Bonsoir
J’ai retrouvé quelques photos de Monsieur Georges MARSALEIX (plongeur) datant de 1948/49 à Dakar. Il serait décédé en mission à Dakar. Il aurait été un ami de mes parents : Solange Petitpas et Marcel Michelot, marin né en 1917 à Hanoï, basé à Casablanca puis à Dakar à la même époque.
Pensez-vous pouvoir me retracer leur parcours ?
Avec mes remerciements
Patricia CORMONT-PETITPAS, née le 18 avril 1949 à Nice.
6. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 11 septembre 2014, 15:02
bonjour
mon père était mécanicien à bord de l’Elie Monnier,à la création du GERS
je recherche des photos , et autre infos
Cordialement
A Vialis
7. le GERS LE BREAU D’ETUDE, 12 mai 2015, 20:57, par AGNES
bonjour mon nom doit rappeler des souvenir à certains survivant de cette époque le dessinateur d’étude GILBERT AGNES était mon père et faisait partie de cette équipe j’ai toutes les photos et les noms de cette épopée. dont toutes celle de la plongée de FARGUES et les photos des explosions de déminage du port de MONACO vous n’avez pa sparlé du commandant de la VP LEBOUCHER et du photographe CHASSAURIO la photos que vous montrez mon père est sur le balcon et il y en a deux sur la deuxième il n’y est pas car c’est lui qui prend la photo et le photographe est sur le balcon
8. LES MEMBRES DU GERSS, 13 mai 2015, 09:39, par AGNES
j’ai oublier la dernière fois FINANCE le laborantin PERRIMON et BROUSSOLE les médecins ils mon fait descendre à -40 mètres à 12 ans en caisson DUMAS et mon père étai avec moi et l y en a un qui a donné des coup sur le caisson pour me fait peur Vous oubliez aussi l’aventure de l’AQUARIUS mis au moins par le commandant TAILLIEZ
je vous met quelques photos
9. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 13 mai 2015, 09:40, par AGNES
fargues sur la VP8
10. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 13 mai 2015, 09:43, par AGNES
fargues en plongés
11. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 13 mai 2015, 09:47, par AGNES
contacté moi j’ai toutes es photos du GERS le retour de plongé du batiscaphe de PICARD (en sale état ) les plongés du bathyscaphe de HOUOT ET WILLM
serge.agnes@orange.fr
12. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 31 mai 2015, 11:11, par AGNES
bonjour pourquoi ne parlez vous pas du 6° sur la première photo GILBERT AGNES
13. Naissance du GERS et des premiers plongeurs démineurs, 7 janvier 2019, 16:12, par Nicolas
Bonjour Agnès,
Je suis un des petits fils du pharmacien chimiste en chef René PERRIMOND-TROUCHET qui semble-t-il est sur votre caricature. J’aimerai pouvoir avoir accès à vos archives et photos de cette époque concernant mon grand-père.
Merci de ce qui pourra être fait pour nous mettre en contact mail.
Cordialement,